LES BOSTON CELTICS

20 janvier 2011 à 14:07 par Vianney Pannet
Tags: Boston Celtics, Ray Allen

Insidieusement pointé comme le maillon faible du Big 3 des Celtics l’an dernier, Ray Allen réalise à 35 ans la meilleure saison de toute sa carrière. Certes assez loin des 26,4 points de moyenne de 2007 avec Seattle mais avec toujours plus de classe.

Un mois de janvier surréaliste

Ses performances depuis sa draft en 1996 ont beau lui avoir assuré une place bien au chaud à Springfield une fois sa carrière terminée, ce n’est pas pour autant que ce stakhanoviste va s’arrêter de tenter de s’améliorer.

Depuis le 28 décembre et la victoire à Indiana et jusqu’à cette nuit face à Detroit, il n’avait pas shooté en dessous de 50% tout en prenant au moins 7 shoots. Une série de 12 matches qui égale celle de Robert Parish en 1993, dernier Celtic à avoir effectué pareille performance. Il faut désormais remonter à la saison 1990/91 et la série de 21 de Kevin McHale pour trouver mieux.

Là où la performance est phénoménale, c’est que le #20 de Boston, contrairement à ses illustres prédécesseurs ne joue pas dans la peinture.

Depuis la saison 1987, date jusqu’à laquelle toutes les statistiques de toutes les rencontres ont été numérisées, ils n’étaient que 4 évoluant sur les postes 1 et 2 à avoir fait mieux.

Jeff Hornacek en 94/95 (14), Kevin Johnson en 90/91 (15), Byron Scott en 87/88 (13). Un certain Michael Jordan avait fait aussi bien en 90/91.

Pour Ray Allen, tout cela n’a rien d’extraordinaire.

“J’ai regardé mes pourcentages. Je ne peux pas contrôler le nombre de points que je vais marquer mais je peux améliorer mon efficacité“, explique-t-il.

Pour cela, il travaille, ce qui rend Reggie Miller admiratif :

“Shooter, c’est chiant. Ca prend du temps. Vous devez passer des heures à bosser. C’est un sacrifice que beaucoup de joueurs ne sont pas prêts à faire alors Ray qui fait ça à 35 ans, on ne peut que l’applaudir.“

Résultat, depuis le début de la saison, le shooteur le plus soyeux de toute la NBA tourne à 51,7 % dans le champ dont 47,8% de loin –de loin son meilleur score- et 88,6% depuis la ligne des lancers.

C’est justement sur ce dernier point que le 5^ème meilleur joueur de l’histoire dans cet exercice précis se concentre actuellement.

“50/40/90, c’est le paradis du shooteur. C’est le but que j’ai toujours essayé d’atteindre depuis que je suis en NBA.”

En fin de saison, il pourrait rejoindre les 5 joueurs à avoir réussi cet exploit sur une saison complète(en shootant plus de 300 fois, 55 trois-points et 125 lancers), à savoir Steve Nash (4 fois), Larry Bird (2 fois), Mark Price, Dirk Nowitzki et Reggie Miller. Ils pourraient même être 7 dans le club à la fin de la saison et l’autre joueur qui approche ces chiffres est un autre Celtic puisque Paul Pierce affiche 51,4, 40,6 et 86,1 depuis le début de saison.

Un objectif qui parait totalement abordable, d’autant plus lorsque l’on regarde les chiffres du moins de janvier.

En 9 rencontres, Allen a enquillé 28 shoots longue distance sur 40 (70%) et rentré 70 de ses 112 shoots (62,5%) pour une moyenne de 21 points par match. On se souvient de Popovich qui disait après la défaite des Spurs à Boston “Il y a déjà peu de joueurs capables d’être aussi adroits à l’entrainement et lui il fait ça en match…”

Bientôt le meilleur shooteur de l’histoire

A ce rythme, le record du nombre de paniers à trois-points réussis, appartenant à Reggie Miller, risque de sauter très vite au plus grand bonheur de ce dernier.

“Il va me prendre le record dans le mois qui vient. Il est le meilleur shooteur de la ligue et de loin. C’est un peu triste d’ailleurs parce qu’il devrait y avoir plein de jeunes avec les crocs pour dire je vais le défoncer ce record de Ray Allen mais je ne vois aucune personne vivante capable ne serait-ce que d’approcher ce qu’il va faire.”

Des compliments qui mettent le gendre idéal un peu mal à l’aise.

“Reggie est toujours en train de m’encourager. Pourtant, j’ai toujours été en grande compétition avec lui jusqu’à la fin de sa carrière. J’avais essayé de le convaincre de remettre un short et de nous aider à gagner des titres, c’est à partir de ce moment là que nous sommes devenus d’excellents amis. Il a toujours de bons conseils à donner, il a toujours été un modèle pour moi.”

Encore 27 shoots derrière la ligne et l’élève aura dépassé le maitre et ça n’a échappé à personne. Après le match face à Orlando, quand on faisait remarquer à Pierce qu’Allen se rapprochait du record, il répondait “Ouais, j’ai vu ça. Il est en train d’ajouter ça en plus à son héritage. C’est un futur Hall of Famer. C’est un Champion et ce record, c’est la cerise sur le gâteau pour lui.”

Lui qui, comme sa mère, semble rajeunir match après match fait le travail avec classe. Il est, dans cette NBA remplie d’athlètes au QI basket proche du néant plus que de génies du jeu, l’un des derniers à posséder un jeu sans ballon à montrer dans toutes les écoles de basket.

Ses courses et ses apparitions en sortie d’écran, les appuis face au cercle, les genoux fléchis et les mains déjà prêtes à shooter, semblent tellement naturelles qu’on ne serait même pas surpris de le voir sortir dans cette position au détour d’une balade, au coin d’une rue.

Si à Seattle, le joueur devait tout faire, il profite à plein d’avoir une équipe autour de lui qui lui permet de faire ce pour quoi il est le plus doué, shooter, shooter et encore shooter sans jamais –ou presque- dribbler mais sans oublier non plus de faire circuler à mieux placé que lui.

Il occupe enfin, à 35 ans, le rôle qui a été créé pour lui mais comme il aime à le dire : “Il y a une place pour tout le monde. Tout le monde a sa propre spécialité alors faites passer cette leçon aux jeunes.”

Ray Allen est toujours la classe incarnée, pourtant, il risque bien de passer à côté d’une 10^ème sélection au All-Star Game. Ce serait un peu triste quand même, non ?